Vous connaissez surement l'adage : qu'on parle de toi en bien ou en mal, l'important c'est qu'on parle de toi. Je ne vais pas vous le cacher, je ne suis pas sûr que je me serais intéressé au jeu d'aujourd'hui si il n'avait pas été entouré d'une étrange polémique parce que la principale protagoniste de l'histoire est terriblement sexy, à la limite de l'irréaliste pour certains. Au point que Shift Up, le studio de développement, s'est senti obligé de dévoiler des photos et vidéos du mannequin qu'ils ont utilisés pour la photogrammétrie du corp de l'héroïne du jeu (technique consistant à créer un modèle 3D à partir de quelque chose de bien existant). Quand j'ai montré le jeu à ma femme et que je lui ai parlé de la "polémique", sa réponse a été tranchante : "Si ils ouvrent Instagram, ils font une attaque ?". Bon bah merci les polémiques, sans ça j'aurais pu passer à coté du jeu et ça aurait été dommage.

Envoyez la bombe !

Le jeu démarre par une scène qui m'a étrangement rappelé une scène de l'adaptation de Verhoeven de Starship Troopers, on y voit des gros cuirassés spatiaux qui se font démonter par une attaque anti-aérienne venue du sol. De ces cuirassés sont éjectées des dizaines de capsules contenant des soldats chargés d'aller faire le ménage mais très peu arriveront finalement sur terre.

Vous, vous êtes Eve, un de ces soldats, vous atterrissez en catastrophe mais une collègue est là pour vous aider à sortir de votre capsule et il est l'heure de faire le ménage.

Le jeu se présente sous la forme d'un jeu d'action en vue à la troisième personne où l'on dirige donc Eve qui se bat principalement à l'épée dans un premier temps. On parcourt d'abord un monde dévasté de manière linéaire, puis, après quelques heures, on accède à une ville qui servira de campement central où l'on pourra choper quelques quêtes et se rendre dans les différentes régions du jeu, composées parfois de chemins à suivre de façon linéaire, d'autres fois de grandes zones ouvertes où l'on pourra divaguer une fois les actions nécessaires au bon déroulement de l'histoire effectuées.

Si je ne m'étais pas intéressé au jeu dans un premier temps, c'est parce que de loin, on pourrait penser à un énième Soul's Like et comme le genre me gonfle de plus en plus, je l'avais mis de coté. Mais en m'y intéressant, je me suis rendu compte qu'on avait en fait affaire à un jeu d'aventure orienté action plus classique. Un arbre de compétences, quelques mises à jour d'armes, mais pas de niveau pour les ennemis ou le joueur, il y a des campements qui pourraient faire penser à une reprise des feux de camps de chez From Software car ils sont le seul endroit où on peut acheter des compétences, ils servent juste de points de réanimation en cas de décès prématuré, mais vous ne perdrez rien d'autre en mourant, fini la pression de perdre les récompenses durement acquises. D'ailleurs, ces campements sont assez nombreux pour que l'on ne ressente pas spécialement trop de pression entre deux, un peu quand même, le jeu n'étant pas non plus facile en mode normal, mais ça va. Et oui, je précise en mode normal car contrairement aux jeux de From Software, il y a un mode facile pour les joueurs désirant profiter de l'expérience avec encore moins de pression.

Sortez le canon !

Sur la forme globale, Stellar Blade présente un game-design similaire à ce que nous ont proposés la dernière trilogie Tomb Raider où les derniers God Of War. On a donc affaire à une première partie d'introduction plutôt linéaire puis se débloque un simili monde ouvert composé de zones instanciées où quasi tout se traverse mais il est permis d'y revenir pour y dénicher des montagnes de trésors et autres objets cachés. Parmi ces trésors, il y a tout un tas de cadavres de pauvres gus qui se sont fait laminés sur place mais qui ont laissés leur dernier souvenir sous forme de quelques lignes parfois tristes parfois particulièrement intéressants, surtout lorsqu'ils ont laissé dans leur message le mot de passe d'un coffre situé non loin.

Certains costumes sont amusants mais sortent un peu du contexte ! Comme ici en achevant un boss.

Tous ces coffres offriront tout un tas de matériaux utiles ou parfois de nouvelles tenues pour notre créature de rêve la rendant parfois encore plus sexy, parfois ridicule dans le contexte. Si elle reste charmante et agréable à regarder en bikini, ça fait tout de suite moins sérieux face à un boss ou dans les égouts. Mais ça ne l'empêchera jamais d'être badasse et de botter des culs. Et sur ce point là j'ai trouvé le jeu assez jouissive. Le système de combat est hyper généreux en répondant, on sent bien chaque coup donné... et chaque coup reçu. On débloque des compétences contextuelles un peu dures à placer au début puis on apprend à les placer au bon moment et c'est souvent l'occasion d'un enchainement de gore, de sonorité parlante et de changement de caméra susceptibles de rendre le tout ultra épique même face à un petit ennemi sans grand intérêt à première vue mais que l'on a pris soin de s'occuper correctement juste pour ce finish jouissif.

Des tomates contre un missile

Le jeu est graphiquement une réussite, l'Unreal Engine est exploité différemment d'un Hellblade 2 mais les zones sont plus ouvertes, l'action plus frénétique et ça reste très joli. Certains environnements sont assez ternes mais le jeu le justifie et ça n'est jamais moche.

Le jeu offrira enfin quelques séquences bienvenues qui varient un peu la jouabilité. Certaines séquences du jeu sont plus proches du jeu d'horreur que du jeu d'action, on ne disposera plus de notre épée mais d'un drone transformant le jeu en jeu de tir (drone utilisable en dehors de ces séquences d'ailleurs). J'ai trouvé ces passages plutôt sympas et rafraichissants pour tout dire.

Malheureusement, d'autres petites séquences m'ont parfois rendus fous. Le jeu se permet quelques passages de plateforme indigestes alors que notre héroïne manque clairement de précision pour ces moments et la caméra n'offre pas toujours la bonne perspective. On voit une plateforme, on saute dessus, on sent qu'on ne va pas y arriver alors on enclenche un double saut ou un élan vers l'avant qui nous emmène derrière, le personnage s'accroche parfois au dernier moment, parfois non, ça n'était pas très clair et ça s'est révélé parfois assez frustrant. Heureusement, dans l'ensemble c'était rare et plus souvent sur des choses annexes que j'ai fait juste parce que je ne voulais pas avancer dans l'histoire principale mais explorer autant que possible, ce qui est plutôt bon signe quand j'ai envie de rester sur un jeu, je ne suis pas le genre de joueur qui veut poncer un jeu par maladie de complétionite aigüe.

En fait, j'avais tellement envie de rester dans le jeu que j'aurais apprécié qu'il soit un peu plus long, un peu plus varié, que les 2 grandes zones ouvertes offrent un peu plus de variété dans leur environnement. Des biomes différents s'offrent à nous sur le dernier quart mais sur des passages plus linéaires.

Enfin, musicalement, la bande son fait le travail mais sans briller non plus, bien sûr c'est subjectif mais je n'ai pas retenu d'air spécialement mémorable. Pour l'anecdote, lorsque j'ai du choisir mon prochain jeu, j'ai hésité entre Stellar Blade et Black Myth WuKong, j'ai choisi Stellar Blade pour la simple raison de remercier les jeux qui nous offrent un doublage français, chose que j'apprécie toujours particulièrement et qu'ici encore j'ai apprécié. Si on ne loupe pas quelques dialogues de personnages lambdas surjoués, notre héroïne ainsi que les principaux protagonistes sont impeccables et j'aime ça.

Dans les doléances, je dois avouer qu'un des boss de fin (car il y a plusieurs fins) m'a fait pété un câble et m'a forcé à passer le jeu en mode facile. Heureusement, comme souvent avec les exclusivités Sony (coïncidence ?), cela ne bloque pas les trophées correspondants (je platine très rarement mes jeux, mais j'aime bien avoir les trophées de fin de jeu).

Conclusion

8Stellar Blade est un très chouette action-aventure, le système de combat est terriblement répondant, la parade, l'esquive et autres possibilités sont jouissives à placer, la musique se laisse écouter sans marquer mais reste agréable et fait le job. Le doublage français nous permet d'apprécier l'histoire sans passer notre temps à lire (même si on lit quand même beaucoup), l'Unreal Engine fait encore une fois un très bon boulot pour que graphiquement tout soit séduisant à regarder et pas seulement notre héroïne même si elle reste farouchement sexy et agréable à attifer.