Dragon Age : The Veilguard

cover Dragon Age The Veilguard

Dix ans, c'est le temps qu'il aura fallu au studio Bioware pour accoucher de la suite de Dragon Age Inquisition, malheureusement, la plupart des têtes d'affiche qui ont fait la réputation du studio sont soit parties, soit décédées. Après la trilogie culte Mass Effect, les gadins que se sont pris Mass Effect Andromeda puis Anthem, autant d'un point de vue réception critique que joueurs, obligeaient Bioware à démontrer qu'ils sont encore capables de sortir un grand jeu. C'était un des jeux que j'attendais le plus cette année (déjà les années précédentes en fait) Spoiler : c'est loupé. Je n'attends désormais plus grand chose pour le prochain Mass Effect, ça ne sera surement pas un mauvais jeu, tout comme le jeu qui nous intéresse aujourd'hui, mais il y a un moment où il faut arrêter d'être naïf et d'espérer une écriture à la hauteur des décennies passées. Si miracle il y a, je serais ravi d'annoncer que je me suis trompé, mais ça va, je ne suis pas trop inquiet.

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Les gardiens du voile... et à vapeur

Je ne vais pas faire comme si je n'avais pas vu passé la montagne de polémiques sur l'inclusion LGBT forcée du jeu. De mon coté, qu'on inclut une ado moche et détestable qui s'interroge sur son identité, ça ne m'a pas plus dérangé que ça. Je n'ai pas bien compris le message voulu d'inclure ça au jeu sous la forme d'un compagnon insupportable dès la rencontre à part vouloir donner une envie soudaine de coller une bonne fessée à une gamine mal élevée. Dans le contexte du jeu, ses problèmes paraissent de plus bien mineures face à l'émergence de deux dieux elfiques qui veulent tuer tout le monde mais à la limite, c'est juste un compagnon.

Par contre, soyons clair, en ce qui me concerne, le saccage du Français académique, c'est non, à chaque fois que j'entendais un "iel" ou "lae" ou autres pronoms sortis des bas-fonds de Twitter, ça me sortait complètement du jeu. Je jouais sans sous-titre grâce au très bon doublage français dans l'ensemble. Dans certains contextes sérieux du jeu, inclure ces pronoms en plein milieu d'une phrase, ça cassait l'immersion comme si le personage qui parle avait lâché un pet.

L'autre polémique concerne l'éditeur de personnage qui ne permet pas de faire de personnage féminin... féminin. Les femmes sont toutes taillés dans une statue d'Apollon, impossible de leur donner un fessier ou une poitrine respectables ou d'atténuer leur musculature saillante. IAmYunie explique ça mieux que moi dans sa vidéo de création de personnage. Au final en jeu, sous armure, on finira par oublier ce détail.

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On Solas un peu

Dragon Age The Veilguard commence quasiment là où se termine Inquisition : Solas, un ancien dieu elfique, veut détruire le voile qu'il avait lui même mis en place dans le but de protéger le monde pour redonner tous leurs pouvoirs aux elfes. On débarque pendant le rituel, on balance des clous dans l'engrenage, on arrive à l'interrompre mais malheureusement, deux dieux elfiques en ont profités pour s'échapper.

Je ne pense pas qu'avoir fait Inquisition soit une obligation. Le jeu nous explique grossièrement ce qu'il se passe et ça suffit pour comprendre les enjeux à venir durant la partie. On va devoir monter une équipe aux capacités variées pour nous occuper de nos dieux. On en profitera pour aider un maximum de factions des fois qu'ils serviraient dans notre combat.

Dragon Age The Veilguard est donc un ARPG très orienté action qui se joue en vue à la troisième personne. Le jeu se déroule dans une suite de zones instanciées plus ou moins ouvertes, souvent des couloirs avec des petits embranchements à gauche ou à droite pour y choper des coffres ou des notes écrites, un peu comme les derniers God Of War ou les derniers Tomb Raider. C'est linéaire mais pas trop, ouvert mais pas trop grand, ça a un petit coté Metroïd-like (revient plus tard quand tu auras chopé le bon pouvoir) pas désagréable, pas mal de verticalité selon l'endroit.

Notre personnage jouable, obligatoirement nommée Rook, sera toujours accompagné de deux de ses compagnons (contre trois de mémoire dans Inquisition) mais impossible de les jouer, c'est plutôt un gros défaut du jeu à mes yeux. Le jeu permet de réattribuer ses points de compétence mais pas de changer de classe, du coup on joue globalement du début à la fin de la même façon même si on peut changer de spécialisation. J'ai des souvenirs dans Inquisition où justement je m'autorisais à changer de personnage jouable pour varier un peu les plaisirs.

Par contre, même si il est parfois monotone sur la durée, j'apprécie énormément plus le système de combat de The Veilguard. C'est tout en temps réel, dynamique, avec un bon retour des sensations, j'ai pris la classe voleur et vraiment, les combats ont du punch, accompagnés des petites vibrations qui vont bien, j'ai trouvé ça clairement plus plaisant que sur Inquisition.

D'ailleurs en parlant de notre personnage, ses déplacements sont également moins scriptés que dans un God Of War, il peut tenter de sauter partout, s'accrocher, les déplacements sont donc mieux gérés.

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La réalisation

Techniquement, le jeu est vraiment très propre, on aimera ou non l'esthétique, mise à part quelques doléances que j'ai signalées plus tôt (le physique des femmes notamment et leurs décolletés qui affiche du vide), j'ai adoré en fait. Ca rappelle un peu Kingdom Of Amalur : Reckoning, ça manque un peu de caractère, c'est souvent assez générique, mais c'est bien rendu. A noter que les photos d'écrans que j'ai jointes à l'article ne rendent pas honneur au jeu, la faute à l'absence de HDR, le mode photo du jeu sur PC a la mauvaise idée de prendre des photos HDR mais de les stocker dans un format SDR, j'ai donc du y retourner vite fait pour refaire des photos.

Niveau bugs ou optimisation, rien à redire, c'est à saluer, j'ai eu un crash en 70h de jeu, aucun bug à signaler, quasi pas de glitch sur des PNJ qui marcheraient n'importe comment... mais il faut aussi signaler qu'ils sont globalement très statiques, ceci aide beaucoup, j'ai quand même vu des choses curieuses sur mes compagnons qui me suivaient mais rien de grave. D'ailleurs, aucune interaction, vous pouvez déchainer votre colère sur un passant dans la rue, il ne bronchera pas. Il y a juste la vérification des shaders à chaque lancement un peu pénible sur PC sans compter la première fois (ou quand on met à jour ses pilotes de carte graphique) où c'est particulièrement long.

Niveau bande son, le design sonore est tout autant une réussite que le reste de la technique, le doublage français est impeccable, par contre, j'avoue être un peu déçu de la bande originale. Avec une piste sonore dans les mains d'un duo incroyable comme Hans Zimmer et Lorn Baffle, j'espérais vraiment du lourd et si la musique fait globalement le job, ça manque clairement de thème marquant ou iconique. En tout cas, je n'en ai rien retenu. Ca me semble très loin de la BO d'un Mass Effect ou d'un Assassin's Creed 3, incroyable travail précédant de Lorne Baffle qui avait fort à faire en passant après Jesper Kyd.

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Un Rook pas très rock

Le bilan est plutôt positif pour le moment, j'ai adoré le système de combat dans l'ensemble même si il manquait de variété, apprécié globalement l'esthétique, qu'est-ce qui pouvait clocher ?

L'écriture est, ou en tout cas semble, pour les enfants... Dans l'ensemble, le jeu aborde des thèmes plutôt graves, mais toute situation dramatique semblait tomber à l'eau chez moi. Même en mettant de coté l'ado névrosée, mon personnage était perpétuellement positif et nonchalant, même les réponses dont l'icone pouvait penser que j'allais taper du point sur la table paraissaient pathétiques ou trop gentilles. Sans compter les choix qui n'en sont pas : "On part à la guerre, vous voulez manger avant ? Réponse 1 : Oui j'ai faim, Réponse 2 : Bien sûr, Réponse 3 : Merci de demander, j'en ai besoin.".
Où sont les réponses "C'est pas vraiment le moment !" ou "Tu peux te le carrer ton repas" ? Des variantes comme il me semble avoir eu en pagaille dans Mass Effect. Certains choix semblent visiblement importants mais c'est tellement globalement mal amené dans le récit que le jeu vous les reprécise sur le coté de l'écran "Votre compagnon gentil-nain est gentil parce qu'elle se souvient que vous lui avez dit d'être gentil."

Il y a bien quelques petites fulgurances mais c'était dans un océan d'écriture lisse et sans saveur. Il n'y a que des méchants et des gentils, même mon compagnon censé être un assassin sans pitié est adorable et le doublage de mon personnage masculin bien qu'à première vue de plutôt bonne facture, faisait un peu trop "gentil papa qui donne des conseils mais ne se fache jamais", j'aurais du mal à l'expliquer. Peut-être n'aurait-il pas fallu donner une voix à notre héros, mais mon commandant Shepar m'a tellement marqué.

A force de passer des dizaines d'heures avec mes compagnons en jeu, à les écouter, à suivre les conversations qu'ils avaient entre eux souvent sur des sujets anecdotiques, j'ai fini par m'attacher à certains d'entre eux, mais sans réelles convictions. J'ai mené une romance avec la moins moche des femmes de mon équipe, mais ça restait fadasse, j'ai deux compagnons qui ont finis ensemble mais j'ai rien vu venir, c'était mal amené.

Et toute cette écriture fade est tellement dommage tant la mise en scène est réussie. Certaines scènes d'action sont vraiment bien joués notamment les dernières heures absolument épiques et qui laissent le joueur sous tension jusqu'à la fin.

Et c'est malheureusement pour ça que je n'ai plus aucun espoir pour le prochain Mass Effect. Le jeu est globalement d'une très bonne qualité, bien sûr, l'esthétique restera quelque chose de subjectif, bien sûr, certains auraient pu préférer un système de combat plus tactique et moins action, mais tout ça ce sont des choix qu'ont fait les développeurs et on ne peut pas leur reprocher de ne pas avoir été au bout ou de l'avoir mal fait, tout est carré, stable, propre, tout est qualitatif. Mais tout est lisse du coup, il n'y a pas de crasse, pas de coup dans le dos, pas de dialogue saignant ou incisif. Dans les jeux vidéo, j'aime jouer les gentils, je suis toujours un mec trop gentil, mais j'aime savoir que j'aurais pu faire une réponse d'enfoiré. L'ado énervante du groupe, j'aurais aimé pouvoir lui lâcher un "Tes problèmes d'ados, on s'en branle en fait pour le moment", à aucun moment comme dans un Mass Effect ou un Witcher 3 je n'ai vu d'options de dialogue qui aurait pu me faire penser que j'étais susceptible de me fâcher avec un compagnon ou une faction. J'ai suivi une romance parce que dans les dialogues le jeu affichait un gros coeur explicite et le texte qui en découlait n'était même pas digne d'un mauvais Youtuber qui donnerait des cours de séduction.

Tout ça ne transforme pas non plus pour moi le jeu en mauvais jeu, mais ce qui est au final un moment passé plutôt sympathique aurait pu être tellement plus. On est tellement loin de la trilogie Mass Effect ou même d'un God Of War tellement plus marquant et qui lui finalement n'introduisait pas si mal en 2018 son ado névrosé.

Conclusion

7Dragon Age The Veilguard n'est pas le grand jeu Bioware que j'espérais mais il n'a pas à mes yeux de défaut rédhibitoire et fait même parfois très bien les choses. J'y ai trouvé un bon ARPG où j'ai passé un bon moment mais l'écriture lisse et fade atténue l'implication, en dehors du très long final bien mis en scène, elle empêche le jeu de proposer des moments vraiment marquants qui aurait pu en faire autre chose qu'un jeu correcte comme nous a proposé Bioware par le passé. Si vous êtes sur PC, pensez à l'abo EAPlay Pro qui vous permettra de faire le jeu pour 17 ou 34€ (pour 2 mois), il y a peu de chance que vous souhaitiez y retourner de toutes façons.


Publié le 24 Novembre 2024 à 13:27 par WinterOfTheWolf
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