Xenoblade Chronicles 3
J'ai bientôt 46 ans mais contrairement à beaucoup de joueurs de mon âge, en matière de JRPG, je ne jure pas par les références comme Final Fantasy ou Dragon Quest. Ce n'était pas le type de jeux auquel je jouais plus jeune et quand je me suis mis aux JRPG, celui qui m'a le plus retourné sans conteste devenant ma référence, c'est le premier Xenoblade. Ce JRPG sorti de nulle part à l'époque et qui affichait une ambition démesurée sur ma chère petite Wii si peu puissante.
Puis il y a eu l'épisode X, extraordinaire d'un point de vue exploration mais décevant sur l'histoire, puis le 2 qui ressemblait à un retour en arrière technique mais un coté shonen poussé à l'extrême.
L'annonce surprise du 3 n'était pas pour me déplaire et puisque Monolith sont toujours aussi doué pour créer des mondes gigantesques fabuleux à arpenter, il est temps que je parle du jeu après avoir dépassé la centaine d'heures coutumière sur un Xenoblade.
Ma critique spoilera un minimum, je vais juste expliquer le constat de départ, uniquement ce qu'on apprend rapidement dans le jeu.
La guerre c'est mal
Nous nous situons donc sur Aionios, une planète où se livre depuis des siècles une guerre perpétuelle entre deux factions, Agnus et Kieves. Pour faire cette guerre, des soldats sont créés pour se battre 10 ans et au bout de 10 ans, ils meurent, transformés en énergie devant leur reine, mais c'est un grand honneur pour eux (mon premier WTF).
Un jour, une troisième faction débarque, Agnus et Kieves envoient leurs troupes d'élite pour aller voir et là, un quatrième ennemi profite de l'occasion pour montrer sa tronche et il n'a pas une gueule de porte bonheur. La fraichement débarquée troisième faction vous aide et vous offre un nouveau pouvoir en plus de vous apprendre quelques trucs intéressants comme le fait qu'il y a des gens qui vivent plus que 10 ans, les vieux de 46 ans, ça existe, et en quelques minutes, nos héros réalisent que la guerre, c'est nul et puis vivre dix ans, c'est pas terrible quand même. Malheureusement, votre nouveau pouvoir fait que vous devenez l'ennemi de tout le monde, vos potes ne vous reconnaissent plus obligeant nos troupes d'élite pourtant originaires de factions rivales à s'associer pour avancer.
J'avoue que j'ai un peu de mal avec ce retournement de situation, dès la mise en contexte du jeu, je me disais "Ok, 10 ans et ils meurent... Et ça dérange personne ?".
Et plus on avancera dans le jeu et plus on tombera sur de nouveaux alliés qui globalement feront le même constat : la guerre, c'est mal, c'est plus sympa de cultiver des patates.
On pourrait se dire qu'il s'agit limite de machines clones, d'enfants lobotomisés, mais le jeu n'hésite pas à nous balancer des tonnes de flashbacks où on voit nos protagonistes (et d'autres) passer leurs temps à avoir des discussions philosophiques et à tout remettre en question, mais il leur aura malgré tout fallu les événements spécifiques du début du jeu pour se poser les bonnes questions : Pourquoi la guerre ? Pourquoi 10 ans ? Comment on fait les bébés ? C'est quoi cette bouteille de lait ?
Heureusement, la troisième nouvelle faction aura eu le temps d'indiquer un endroit où aller à nos protagonistes si ils veulent en savoir plus et c'est le début de la grande aventure. Vu que plus personne ne veut voir nos tronches, autant aller là où un inconnu vient de nous dire d'aller.
C'est bien un Xenoblade
Comme tous les jeux de la licence, on va nous faire voyager dans un simili monde ouvert à zones instanciées (sauf X qui était un "vrai" monde ouvert), mais les zones sont immenses et c'est toujours un bonheur pour les explorateurs. On manque du coté épique de savoir que l'on se promène sur des titans comme dans les deux premiers épisodes, mais le level-design est toujours aussi exemplaire de gigantisme.
Nouveauté sur cette épisode, un petit coté Metroid. Je m'explique : dans les épisodes précédents, pas mal de zones optionnelles étaient interdites aux joueurs en début de voyage via la disposition d'ennemis beaucoup trop haut niveau, si on s'y aventurait, on se faisait rapidement tuer. C'est beaucoup moins fréquents dans celui-ci, en revanche, certaines parties de la carte sont tout bonnement inaccessibles tant que l'on ne débloque pas la bonne compétence de terrain. C'est souvent farfelue d'ailleurs, vous rencontrez le bon personnage, et hop, vous gagnez une compétence de terrain de façon légère "en fait, vous pouvez le faire".
En parcourant ce monde, vous croiserez des colonies, la plupart du temps qui veulent vous faire la peau mais qui finalement se diront que "la guerre c'est mal".
Enfin signalons dans ce monde tout un tas de collectibles, coffres et autres fragments étranges, de quoi nous donner envie de trouver toutes les zones du jeu dont certaines sont un bonheur visuel.
6 héros, c'est bien, 25, c'est mieux
Pendant tout le parcours, on se confrontera souvent à des héros, soit des commandants de colonies, soit des bonhommes qui passaient par là, ces héros sont souvent très forts et systématiquement finissent par devenir amis (souvenez vous, la guerre c'est mal). Là où le jeu est très fort, c'est qu'en plus de notre équipe de six personnes (les deux troupes d'élites du début), nous pouvons embarquer un septième combattant avec nous à choisir parmi les héros découverts et mieux que ça. Les héros partageront leur classe avec nos personnages.
Un exemple, nous rencontrons un héros qui a la classe "attaquant" qui se promène avec un arc, une fois devenu notre allié, un personnage de notre équipe pourra désormais utiliser son équipement, tenue et arme. Et si ce héros nous accompagne suffisamment longtemps, tous les personnages de notre équipe finiront par pouvoir adopter équipement et tenue.
Chaque personnage pourra prendre la classe qu'il veut, même les protagonistes principaux pourront se les échanger entre eux et arrivé à un certain niveau, pourront choisir des compétences maitresses qu'ils pourront garder.
C'est une mécanique de jeu ultra satisfaisante, chaque découverte de héros est un shoot de dopamine (c'est le truc à la mode pour dire "je suis content, très content").
6 héros, c'est bien, mais faut qu'ils sachent se battre
Le système de combat de Xenoblade 3 reste fidèle à la licence, c'est du temps réel automatique. Dès que nous attaquons, nos héros tapent tous seuls et sont aidés par des "arts" que nous déclenchons manuellement qui se rechargent progressivement.
Attention à ne pas oublier les feintes et le positionnement, si vous trouvez le système de combat trop passif, c'est sans doute que vous n'avez pas cerné qu'il ne faut pas enchainer bêtement les arts dès qu'ils sont disponibles, il faut les déclencher au bon moment, idéalement dans la bonne position pour les arts qui y sont sensibles (devant, derrière, sur le coté) et ça oblige à rester vraiment attentif à ce qu'il se passe.
C'est sans doute d'ailleurs le petit soucis de certains combats, ce n'est pas toujours lisible à 7 plus l'ennemi dans le combat, on perd parfois notre héros de vue, ce qui est problématique quand on veut bien gérer les feintes.
Niveaux classes, il y a 3 grandes catégories classiques, ceux qui tapent, ceux qui aiment recevoir les coups à la place des autres (les tanks) et ceux qui soignent.
Chaque grande catégorie possède des sous-catégories, les tanks qui utilisent un bouclier ou ceux qui attirent l'ennemi mais esquivent, etc.
Et dans chaque classe, on a tout un panel d'équipements différents grâce aux héros (ce que j'expliquais plus haut).
De mon coté, malgré les soucis de lisibilité, je trouve que c'est le meilleur système de combat des épisodes canoniques (X étant un peu à part), les possibilités sont innombrables, les enchainements sont simplistes à comprendre (il suffit de savoir faire des additions et compter jusqu'à 200), les héros apportent à chaque fois de nouvelles choses et de nouvelles possibilités dans les enchainements, même si théoriquement c'est l'IA qui fait le plus gros du boulot (on ne joue qu'un perso sur 7, donc c'est mathématique, 85% du boulot est fait par l'IA), j'ai quand même sauvé pas mal de défaites en m'adaptant à la situation. Un boss unique qui ne passe pas ? Peut être que changer la classe d'un de mes attaquants par un médecin changera la donne. Peut-être que prendre ce héros qui a un pouvoir très efficace dans les enchainements m'ouvrira une meilleure issue, etc.
Mais tout ça est relativement bien expliqué et contrairement au deuxième épisode, par exemple, l'apprentissage est très progressif, de quoi maintenir l'intérêt des combats loin dans l'aventure.
6 héros, c'est bien, mais il faut les connaitre
Et on les connaitra, soit par l'intermédiaire des nombreux flashbacks, soit par les mises en scène qui ont clairement pris du gallon dans cet épisode.
Même si, comme j'ai dit dès le départ, le postulat de base me dérange par sa naïveté (ce qui ne s'améliorera pas franchement), le jeu est bavard, très bavard, des heures et des heures de cinématiques, dialogues, malheureusement pas toujours passionnantes mais toujours bien mises en scène. Le coté shonen ne sera clairement pas aussi poussé que le deuxième épisode mais ça fera largement le job, voir plus, car les cinématiques ne seront plus seulement là pour les événements importants mais pour tout, essayant de faire autre chose que de nous raconter l'habituel héros en colère, certains moments arriveront à être touchants, d'autres à être drôle. Par contre, il faut s'y préparer, certains tunnels combat/cinématique/combat/dialogue/cinématique peuvent durer plusieurs heures et comme je n'étais pas prêt, j'ai vécu certains passages de façon haché et je pense que ça me les a un peu gâché (personne veut me payer pour jouer 6h d'affilé moi)
6 héros, c'est bien, mais les anciens ils deviennent quoi ?
Dès le départ, le jeu a été annoncé comme la continuité des deux précédents (X étant toujours mis à part), du coup est-ce qu'on y perd à ne pas avoir fait les précédents ?
Petite parenthèse, si déjà vous n'avez pas fait les précédents, vous avez loupé un truc. Faites les !
Mais plus précisément sur ce troisième épisode, le fait de ne pas avoir fait les précédents ne vous gâchera pas l'aventure, vous passerez à coté des nombreuses références, vous vous demanderez ce que fous cette épée gigantesque dans le décor, mais ça n'est clairement pas indispensable, juste très dommage.
6 héros, c'est bien, mais est-ce qu'on les voit bien ?
Techniquement, le jeu ne brille pas particulièrement, la direction artistique rattrapera le tout. En mode "docké", la résolution tombera parfois très bas et le framerate face à certains ennemis un peu grands ou nombreux à l'écran sombrera dans le ridicule, parfois handicapant quand on cherche à bien gérer les feintes (lancer un art pile poil quand on frappe).
Comme pour le deuxième, des spécialistes de type Digital Foundry me diront sans doute que le jeu utilise des effets "inédits" mais j'aurais toujours cette impression de jouer à un jeu Wii HD et d'un retour en arrière depuis l'épisode X qui en mettait tellement plus plein la vue.
Musicalement, c'est du grand art mais on perd un peu l'audace musicale des premiers épisodes qui jouaient beaucoup plus sur des mélodies mémorables au profit d'orchestres bien manœuvrés accompagnés de cœurs épiques. Ca reste une réussite et le fait qu'aucune musique de ce troisième épisode n'arrive à la cheville à mes oreilles qu'un Mont de Vallak (du premier) la nuit reste tout à fait subjectif (comme tout le reste en fait).
Conclusion
9Xenoblade Chronicle 3 fait honneur à la licence. Les défauts du jeu ne gâchent pas le parcours et ne trahissent pas cette maitrise de l'aventure que j'apprécie chez Monolith Software. Je suis bien face à un grand jeu du type de ceux qui deviennent une vie parallèle tant on s'y implique pendant quelques semaines. Une grande épopée exceptionnelle qui compense ses faiblesses narratives par une mise en scène de haute volée et tout un tas de mécaniques de jeu particulièrement prenantes et addictives.
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