Les fourmis
Je ne lis pas de livre, je sais que ne pas lire de livre est socialement mal vu, dites que vous ne jouez jamais à un jeu vidéo, tout le monde s'en fiche, dites que vous ne lisez pas de livre et on vous regardera bizarrement. J'ai beaucoup lu au lycée y'a 30 ans, la profession que je préparais m'obligeais à être un crack en orthographe et en grammaire (saccagé par quelques années de messages à la va vite sur les forums et les réseaux sociaux) et comme j'avais quatre heures de transports par jour, je me suis gavé mais j'ai complètement arrêté ensuite plus intéressé sans doute par l'idée de draguer sur mon temps libre que par Kafka, par contre j'écris, ne serait-ce que par l'intermédiaire de ce blog. Et justement, j'ai rencontré ma femme qui lit pour deux, pour quatre même en fait, peu de livres durent plus d'une journée avec elle, heureusement que les livres sont moins chers que les jeux vidéo (elle est abonné à Amazon Kindle, le Gamepass des gros lecteurs). Et rapidement quand je l'ai connue, elle m'a parlé de son Miyamoto de la littérature, son John Carmack de l'écriture, son Aonuma du roman, son Gandalf de la lettre, j'ai nommé Bernard Werber et notamment de sa fameuse trilogie des fourmis (dont elle vient encore d'acheter un collector). Elle a un autographe de lui, si je m'approche trop prêt elle se pointe devant avec une batte de base-ball en hurlant un "Vous ne passerez pas !". Aujourd'hui, je vais vous parler de la deuxième adaptation en jeu vidéo par Microïds de cette fameuse saga.
Starcraft chez les insectes
Les Fourmis, Empire of the Ants dans sa version anglaise, est un jeu de stratégie temps réel. Le jeu propose en fait quatre types de mission, traversée, exploration, tactique et stratégie, mais les missions les plus longues (et selon moi les plus intéressantes) sont représentés par les missions de stratégie.
Les missions de traversée vous demandent de... traverser un lieu pour arriver à un autre. Celles d'exploration vous demandent souvent de chasser un autre insecte, ce n'est pas mes missions préférées parce qu'on est parfois limitées en temps et j'ai été un peu traumatisé par ma première où je me suis retrouvé bloqué par l'eau qui montait. Pourtant, les déplacements sont super bien pensés, c'est un peu déroutant au début mais plus on pratique et plus on les maitrise, le sprint qui fait tomber, le saut prolongé, etc. Les missions tactiques ressemblent de loin aux missions de stratégie mais l'armée est souvent déjà en place, au moins en parti et vous devrez soit défendre un lieu et vos nids, soit récolter un certain nombre de ressources. Et enfin les missions de stratégie que je vais développer.
D'un point de vue stratégie temps réel, le jeu est assez scolaire, au départ j'ai même imaginé qu'ils ne s'étaient pas foulés tant les premières missions semblent faciles. Puis au fur et à mesure, on apprend à comprendre l'interface presque intra diégétique du jeu (l'interface apparait autour de votre nid au sol et pour "acheter" une amélioration, il faut marcher avec sa fourmi au bon endroit). On dirige notre général qui va commander jusqu'à sept bataillons de différents types. La plupart du temps on démarre avec un ou deux nids et un bataillon, il va falloir capturer au plus vite d'autres nids, seul moyen d'avoir des troupes supplémentaires.
Chaque nid contient un certain nombre de chambres et chaque amélioration utilise une ou plusieurs chambres. Il faut alors décider de ce qu'on place en priorité, pas question de rester bloquer sur un ou deux nids et d'attendre que les ressources s'accumulent pour tout améliorer. D'une part, moins il y a de nids, plus les ressources (la nourriture et le bois) tombent lentement et la restriction du nombre de chambres d'un ou deux nids va rapidement se faire sentir. Alors on parcourt vite la carte pour trouver des nids supplémentaire, on envoie une partie de notre armée ou toute notre armée mais du coup les nids les plus éloignés se retrouvent quasiment sans défense, on peut améliorer leurs défenses, y coller des troupes assignées à résidence mais elles coutent chères, de plus en plus chères à chaque fois qu'on en place dans un nid, au détriment d'autres améliorations ou d'autres défenses. Et surtout, si il est envisageable d'abandonner un nid à l'ennemi car il est trop loin pour y retourner le défendre, si ce nid est notre avant poste principal, c'est l'échec de la mission.
J'ai perdu plusieurs parties où j'avais toute une armée augmentée au maximum, un gros paquet de nids sur la carte mais je n'étais pas au bon endroit au bon moment et du coup malgré ce qui ressemblait à une victoire écrasante, l'ennemi a envoyé 3 ou 4 troupes sur mon avant-poste qui n'a pas duré très longtemps. Surtout que si l'ennemi peut entamer les défenses d'un nid (avant poste ou pas) sans réussir à le conquérir, il faut parfois un peu de temps avant que les défenses ne se rebâtissent, si vous faites l'erreur de partir à la chasse aux nids alors que votre avant poste est encore en reconstruction, ça sera potentiellement une opération très risquée, mais que faire si l'ennemi profite que vous êtes en défense à votre avant poste pour attaquer un nid secondaire ? Comme j'expliquais plus tôt, chaque nid contient des chambres, si l'ennemi vous vole un nid secondaire qui contenait une certaine amélioration, vous êtes susceptible de la perdre. Au final, bien qu'un peu scolaire à première vue, le jeu oblige à prendre des décisions parfois très risquées.
La fourmation à la manette
J'ai fait le jeu sur PC mais à la manette, les pros de la stratégie sont surement déjà en train d'hurler au sacrilège, mais pourtant, je dois avouer que l'interface manette du jeu est peut être ce que j'ai vu de mieux fichu sur un jeu de stratégie jouable au pad. On dirige nos petites armées en sélectionnant leurs gros icones (L2 + R1) puis on les envoie sur une troupe, un nid vide ou ennemi (L2 + R2), on sélectionne tout le monde en appuyant simultanément sur L1+R1 puis on utilise R2 soit pour l'envoyer sur l'ennemi soit pour simplement les déplacer. Mais attention, vous êtes un général dans l'action, vous pouvez attaquer de loin les ennemis que vous voyez (selon ce que vous avez débloquer comme amélioration, vous verrez de plus ou moins loin les ennemis venir), mais si vous voulez déplacer vos unités quelque part sur la carte, il va falloir y aller à pied.
Et à tout ça s'ajoute une dimension pierre-feuille-ciseaux car la nature de vos troupes, représentée par la couleur, joue un rôle important. Les troupes vertes (les artilleurs) sont plus fortes contre les oranges (les guerriers), les oranges sont plus fortes contre les bleus (les ouvrières) et les bleus mettent la misère aux vertes. S'ajoutent les rouges, en soutien dont les forces et faiblesses varieront selon ce que vous choisirez comme espèce (là où j'en suis, j'adore mes petits frelons).
Ca fourmille de détails
Si la première adaptation du jeu au début du siècle ne brillait pas particulièrement d'un point de vue réalisation, Microïds a mis les petits plats dans les grands. L'Unreal Engine 5 nous offre ici un rendu magnifique, les décors sont sublimes, les animations sont une réussite, jamais une araignée croisée au détour d'un décor n'aura été si belle (et du coup effrayante).
Si ça s'arrêtait là, ça serait déjà une réussite mais il ne faudrait pas oublier de parler de la partie sonore, la bande originale du titre est une merveille, rien que pour ça je ne regrette pas d'avoir pris l'édition Deluxe du jeu, je l'ai glissé dans mon Itunes et je l'écoute au moment où je rédige cette critique. Du piano, des violons, de l'orchestral, plein d'autres instruments que je ne citerais pas par peur de me planter dans le nom, mais c'est magnifique.
Un récit pas fourmidable
Pour l'adaptation d'une saga littéraire en revanche, l'histoire ne brille pas particulièrement. Je n'ai pas fini le jeu à l'heure où je rédige ces lignes (je suis bloqué sur une mission de défense que je n'arrive pas à passer), j'éditerais si je vois de gros changements sur la fin. L'histoire principale raconte comment votre reine vous envoie dans différentes colonies pour les aider, il y a tout un système de souvenirs qui semblent révéler une intrigue plus politique mais c'est difficile à suivre car les souvenirs sont situés un peu partout sur les cartes que l'on traverse, j'ai du en louper car ça manquait de clarté. Du coup, ça me donnerait presque envie de lire les livres pour comprendre comment un esprit visiblement brillant a pu faire un best-seller à partir d'histoires de fourmis.
Conclusion
8On ne va pas se mentir, avec Microïds, spécialisé dans l'adaptation de licences, c'est souvent la loterie sur le résultat, la faute à des moyens modestes sans doute. Mais pour le coup, en dehors de l'histoire parsemée, je ne vois pas vraiment de défaut à cette adaptation. Tower Five Studio nous offre une réalisation en béton, la jouabilité est impeccable et s'affine au fur et à mesure que l'on joue, l'adaptation du genre stratégie temps réel à la manette est géniale, c'est magnifique à regarder comme à écouter, bref, une très sympathique réussite.
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