Starfield
Écrire une critique est parfois délicat : n'y allons pas par quatre chemins quitte à faire une introduction aux allures de conclusion, j'ai pris énormément de plaisir sur Starfield. Mais je ne peux pas faire comme si je n'avais pas vu pas mal de critiques à la sortie du jeu. Ca m'a rappelé Elden Ring, je me suis fait avoir comme un bleu par la réception critique et la communication, j'espérais un RPG plus traditionnel avec une narration moins cryptique (à grand renfort publicitaire d'écriture conjointe avec JRR Martins), les multiples références à Breath Of The Wild avaient réussies à me mettre l'eau à la bouche pour finalement être très déçu par ce qui reste un très bon jeu mais au final assez classique dans la formule Dark Fantasy de From Software.
Pourquoi je parle d'Elden Ring ? Parce que j'ai l'impression que beaucoup de joueurs ont commencés à se faire tout un tas de films sur le jeu comme je l'avais fait avec Elden Ring. Là où ça m'embête, c'est que pour avoir suivi la communication de Starfield depuis des années, je ne sais pas d'où sortent ces prétendues promesses. J'aurais envie d'appeler ça l'expérience, celle qui m'avait fait défaut à la sortie d'Elden Ring sans doute, mais rapidement pour Starfield, la communication s'est axée sur un Skyrim dans l'espace et c'est exactement ce que j'ai eu... en mieux... ou presque.
Champ d'étoiles
Starfield est donc un jeu de rôle orienté action jouable en vue première ou troisième personne (quel bonheur d'avoir ce choix) qui se déroule deux ou trois cents ans après notre ère où vous êtes un court moment mineur. Le jeu vous permettra de créer votre propre personnage, de choisir son passé, ses affinités, certains traits plutôt déterminants, mais quelque soit votre passé, à un moment de votre vie, vous aurez envie de gagner un peu d'argent en étant mineur et c'est là que le jeu commence.
C'est votre premier jour et par hasard, vous déterrez un artefact singulier qui vous fait l'effet d'un psilocybe au touché, s'en suit un mauvais trip.
Là dessus, un employé d'une organisation nommée Constellation viendra vous dire qu'il connait bien ça, qu'il a eu la même expérience (si vous pensiez être l'élu, perdu, ça marche avec n'importe qui) et qu'il faut que vous rencontriez les membres de son organisation. Du coup il est sympa, après un petit interlude avec des pirates qui le poursuivent et sur lesquels vous récupérerez vos premières armes, il vous file les clés de son vaisseau de fonction pour vous y rendre.
Chants d'étoiles
Une fois décollé de la première planète, vous vous retrouvez dans l'espace et vous ressentez l'appel des étoiles, mais vous avez une destination alors vous ouvrez le menu de navigation... ou pas.
J'ai vu revenir souvent que tous les voyages passent par un menu. Alors, je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas vécu comme ça, un truc fou, j'ai vu un point bleu sur mon radar, je me suis dirigé dessus, puis j'ai cliqué dessus et j'ai vu qu'en maintenant X on pouvait voyager sans passer par un menu. Réflexe que je garderais pendant tout le jeu.
Parfois, suivre ce point bleue ouvrira automatiquement la carte pour une raison ou une autre, vous permettre de choisir où atterrir, parce que votre destination n'est pas à portée de votre vaisseau, etc.
D'autres fois, j'ouvrais cette fameuse carte stellaire, je choisissais un système et j'y passais des heures. En activant le scanner dans l'espace, on peut voir les planètes à portée, du coup je sautais de planète en planète pour les scanner, parfois j'y atterrissais pour y vivre des aventures improvisées, y scanner la faune ou la flore, parfois des évènements aléatoires faisaient que je devais me défendre contre des pirates de l'espace, sauver une famille en détresse ou parfois... de bien plus grandes choses que je ne dévoilerais pas pour ne pas gâcher votre découverte.
Champs de toits
Un jeu Bethesda ne serait pas un jeu Bethesda sans ses villes modélisées et peuplées avec amour. Starfield offre donc son lot d'endroits aux caractères bien trempés. On commence par la ville futuriste rappelant les derniers films Star Trek, en passant par la ville typée far West parfaite pour se sentir comme dans la série Firefly et bien sûr la ville steampunk façon… un paquet d'œuvres de ce siècle et du précédent dont bien sûr Blade Runner. Ca c'est pour citer les plus grosses et évidentes pour ne pas vous gâcher toute la découverte. Énormément d'endroits ne payent pas de mine à première vue et dévoilent une richesse folle lorsque l'on explore un petit peu. On reconnait bien là le travail incroyable de level-design de Bethesda. On se perd parfois dans des endroits où aucune quête ne nous y a emmené et l'on se dit que tout ce travail n'aurait pu servir à rien si on ne s'y était pas perdu. Sans doute qu'une quête pourrait potentiellement m'y emmener, mais le jeu est tellement généreux en quête en tout genre qu'il est difficilement concevable de toutes les faire.
Chants de "Hey toi là"
En bon jeu de rôle, ce qui différencie Starfield des tas de simulateurs spatiaux sortis avant lui, c'est bien sûr toutes les histoires qu'il veut vous raconter. Les quêtes débarquent de partout, vous traversez une rue, vous entendez par hasard des passants parlant de quelques choses, vous débarquez dans un nouveau système et recevez un appel de détresse et hop, une quête se déclenche (que vous n'êtes bien sûr pas obligé de suivre tout de suite heureusement). L'écriture est variable mais je n'ai vraiment aucun souvenir d'avoir eu des quêtes dites fedex, de remplissage. Il y a des missions pour profiter des mécaniques du jeu, détruire des vaisseaux de pirates, vous rendre sur une lune perdue récupérer une récompense, ça fait des bonus d'XP ou un peu de monnaie mais c'est sur un tableau de mission qui ne cache pas vraiment son but, en revanche, il y a une montagne de petites quêtes en apparences qui s'étalent pour offrir de vraies petites histoires indépendantes voir débarquer sur du très long. Il y a un vrai effort d'écriture indéniable depuis Skyrim ou Fallout 4 et si on se donne la peine d'essayer de comprendre ce que l'on fait, c'est vraiment au minimum agréable, au mieux impactant émotionnellement. Jeu de rôle Bethesda oblige, des factions sont présentes et ça a pour la plupart été un bonheur à suivre. D'autant que je suis souvent rentré dedans sans même m'en rendre compte via ces petites histoires qu'on a l'impression de suivre de façon facultative et qui vous emmènent sur quelque chose de beaucoup plus grand, une vraie réussite coté écriture.
La quête principale se révèle plus décevante de ce coté là. Elle manque un peu d'originalité sur sa conclusion, déçoit quelque peu sur son écriture, avec un paquet de petites missions de va-et-vient offrant un gros ventre mou. Mais cela a été complètement contrebalancé par la proposition de passages géniaux à jouer et à découvrir, des moments que je n'avais pas vu venir et que je n'aurais pas imaginer, on est bien au dessus de ce que proposaient les précédents Bethesda sur leur histoire principale, si l'écriture n'est pas à la hauteur des quêtes de factions, certains passages manette en main rattrapent complètement la déception. Sans compter, en évitant d'en dire trop pour ne pas vous le gâcher, l'intelligence du New Game+ qui prend ici un vrai sens.
Petite parenthèse sur ce fameux New Game +, à la sortie du jeu, j'ai lu plusieurs influenceurs conseiller de terminer rapidement la quête principale pour enchaîner, je pense que c'est une grosse erreur d'appréciation. Vivez Starfield comme vous l'entendez, profitez des mécaniques, de ce que le jeu propose et si les parties suivantes vous intéressent, il sera toujours temps de rusher la suite pour aller aux parties suivantes supplémentaires. Il n'y a en l'état aucune raison de boucler rapidement la première partie.
Champs de toiles
Esthétiquement, le jeu est sublime. Les directions artistiques, les lumières, rarement je me suis autant arrêté pour admirer un paysage lunaire vide de vie. Jamais quelques rochers seulement éclairés intelligemment ne m'ont autant stoppés parce que je me sentais réellement tel un Neil Amstrong qui découvrait un terrain jusqu'alors quasi inexploré (quasi parce que quelques bâtiments sont toujours là pour vous rappeler que vous n'êtes pas le premier à y venir).
Bref, je trouve le jeu superbe... mais, rien d'extraordinaire non plus. Techniquement le jeu ne brille pas particulièrement. Il serait sorti sur la génération précédente, ça ne m'aurait pas choqué. Bien sûr, il tourne en 4K et ça n'aurait surement pas été le cas sur PS4One, mais en dehors de ça, rien de spécialement novateur à signaler. Le jeu m'impressionne toujours comme un jeu Bethesda, vous trouvez des stylos sur les bureaux, vous trouvez du papier toilette dans les toilettes, le travail de cohérence environnemental est comme d'habitude phénoménal, le moteur physique fonctionne toujours aussi bien (petit bémol sur les capes à la physique très moyenne), mais le jeu n'offre rien qui puisse vraiment nous faire comprendre qu'on est sur la "nouvelle génération".
Comme tous les jeux Bethesda les temps de chargements sont multiples, ils sont devenus ridiculement courts comparé à leurs précédents jeux (l'apport le plus important sans doute de la nouvelle génération), mais ils sont toujours là et mal masqués. Quand on est dans l'espace par exemple, je n'ai aucun soucis à voyager d'un point à un autre et voir débarquer une cinématique de mon vaisseau qui s'envole, j'adore ça en fait, sauf que c'est suivi par un temps de chargement parfois d'une demi-seconde. Pourquoi ? Pourquoi ne pas avoir prolongé cette cinématique de voyage de 2 secondes pour charger la suite de façon transparente ? Et pourquoi ne pas avoir fait une cinématique pour l'arrivé au nouvel endroit ? Autant je ne regrette pas le voyage en directe "à la No Man's Sky", autant j'ai du mal à comprendre le manque d'effort fait pour masquer certains chargements si ridiculement courts. Ca ne m'a pas gâché le jeu, mais vraiment, je ne comprend pas ce qui est pour moi une erreur de finition.
Chant final
Starfield est le jeu que j'attendais, une grande aventure, un grand space opera. Il est le Mass Effect que je voulais où je pourrais écrire ma propre histoire, il est le No Man's Sky que je voulais sans le superflu "performance technique" mais avec de vraies histoires à suivre et à vivre. Je voulais un Skyrim dans l'espace, un jeu de rôle à taille humaine (vous n'êtes pas là pour sauver l'univers), j'ai eu mieux que Skyrim, un système de combat vraiment agréable (tous ceux que j'ai vu se plaindre jouaient en vue FPS, jouez en vue TPS peut-être ?), des mécaniques qui s'additionnent pour m'offrir un plaisir différent chaque jour, des histoires intéressantes, une bande son phénoménale, un doublage français de qualité (gâché bêtement par une synchronisation labiale scandaleuse)
Un dernier mot sur des mécaniques proposées parfaitement optionnelles mais qui représentent pour un moi un énorme plus. Il y a par exemple tout un système pour créer des avant-postes quasiment où vous le souhaitez. De quoi construire votre petit nid d'amour ou d'énormes usines à raffiner des matériaux, de quoi jouer le rôle temporaire d'un auto-entrepreneur dans la construction et devenir potentiellement riche.
Mais mon vrai coup de cœur se trouve dans la personnalisation et la création de vaisseaux. Les vaisseaux dans Starfield peuvent devenir de véritables maisons volantes. Il y a une montagne de modules divers et variés pour vous permettre de faire votre gros cuirassé de guerre ou votre petit chasseur. Je vais surement coller pour illustrer quelques engins de ma création et d'autres sur la fiche du jeu. J'ai passé tellement d'heure à créer des monstres volants surpuissants.
Dans l'espace, si vous n'êtes pas en plein combat, vous pourrez vous lever de votre siège, faire un peu d'artisanat si vous avez installé des modules le permettant, dormir un peu (bonus de 10% d'expérience quand on est en forme, 15% si on ne dort pas tout seul), vous balader, parfois vous perdre. Je n'exagère pas, entre les portes, les échelles, les grandes salles, etc. j'ai trouvé le moyen de me perdre dans certains vaisseaux.
Et si vous n'êtes pas du genre à apprécier de construire le votre, pour changer de votre petit vaisseau de fonction, vous pourrez bien sûr en acheter des bien balaises, mais surtout vous pourrez voler les vaisseaux des pirates après un combat, voir débarquer par hasard sur une planète un énorme cuirassé et en prendre possession après vous être occupé des locataires. Vous pourrez même le faire juste pour gagner un peu d'argent. De grands moments de jeux qu'aucun jeu ne m'avait offert avant au passage.
Conclusion
9Bethesda m'avait promis un Skyrim dans l'espace et j'ai eu plus que ça. Un Skyrim mieux écrit, picorant des mécaniques que j'avais adoré dans Fallout 4, des quêtes prégnantes, une aventure magistrale, ce qu'il faut de génération procédurale pour offrir un grand terrain de jeu sans sacrifier les lieux marquants qui réussissent leur travail, un New Game+ particulièrement intelligent et cohérent. Une grande aventure qui rentre sans soucis dans ces grands jeux qui deviennent durant quelques semaines une seconde vie.
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Ce jeu a ses défauts, mais il serait biaisé de ne pas prendre à sa juste mesure toutes ses possibilités et nouveautés pour un jeu de SF.
Starfield a une patte bien à lui, et sa richesse permet de ne pas avoir besoin d'attendre un autre opus.
Ya un sacré boulot de fait sur ce jeu, c'est incroyable. Et pourtant j'adore aussi No Man's Sky et les Mass Effect. C'est super que Starfield s'en démarque et qu'il ne se calque pas sur la formule Elder Scrolls.
Quelque part, je le préfère à Skyrim bien que la quête principale soit moins grandiose. En effet, j'ai recommencé et bien avancé 3 fois ce dernier, mais je ne l'ai jamais fini car il me saoulait.
C'est aussi un jeu détente que l'on peut faire après une journée de boulot sans se prendre la tête : que du bonheur !
Et oui, une lettre d'amour pour un jeu que j'aime autant, rien de plus normal. 😁
D'autre part, c'est un des rares jeux auquel on peut jouer sur une télé de petite taille, car les dialogues restent tout à fait lisibles. J'alterne ainsi entre la Series X TV 4K et la Series S petite TV et je me régale.